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OGM : sortir de l’impasse

Par Jean Bizet (Manche), Gérard Larcher et Jean-Marc Pastor
Le Figaro, Mercredi 25 juin 2003

Depuis le milieu des années 90, le débat sur les organismes génétiquement modifiés n’a cessé de prendre de l’ampleur, alimenté par la parution d’innombrables articles de presse, livres et rapports divers. Loin de progresser vers un choix de société, ce débat n’a fait que s’embourber progressivement dans des affrontements aussi passionnés que stériles. Le rapport que la commission des affaires économiques vient de publier ne vise donc pas à trancher le débat scientifique et politique, mais à faire le point sur les enjeux et à essayer de décrisper le débat, par des propositions pragmatiques, modestes et de bon sens.

Il est vrai que nos concitoyens sont particulièrement attachés à l’alimentation, et donc à l’agriculture. Le Salon de l’agriculture a ainsi accueilli près de 650 000 Françaises et Français avides de découvrir ou de redécouvrir les régions agricoles de notre pays. Reste très fort le lien viscéral qui lie nos concitoyens à notre agriculture, à ses hommes et ses femmes qui font les produits et les paysages de nos campagnes. Mais au-delà des goûts et des saveurs, les Français savent-ils que cette agriculture d’aujourd’hui n’est que le reflet de l’évolution de formidables mutations tant sociologiques que technologiques ou biologiques ?

Le politique va désormais devoir se prononcer sur ces questions, au niveau européen avec la définition avant l’été du seuil d’étiquetage des produits contenant des OGM ; mais aussi au niveau national, avec la transposition par le Parlement de deux directives européennes.

L’agriculture française sera ainsi dotée pour la fin de l’année d’une législation rigoureuse et très précise, ce qui devrait permettre la coexistence sur un même territoire de l’agriculture biologique, de l’agriculture conventionnelle et de l’agriculture utilisant des OGM ; pour assurer le respect de nos concitoyens et leur donner ainsi le libre choix de consommer ce qu’ils voudront, pour permettre aux entreprises pharmaceutiques de cultiver des plantes génétiques modifiées générant vaccins ou médicaments ; pour diminuer la quantité de phytosanitaires et protéger cultures et environnement.

Ces questions complexes à la frontière de l’éthique, de l’économie et du commerce international ne pourront être plus longtemps occultées. Le Sénat, fort de ses racines et de son sens de la prospective, qui, ne l’oublions pas, fait partie intégrante de sa mission, se devait d’aborder maintenant cette délicate question, dans un climat d’apaisement, de cohérence mais aussi de modernité. Et si les biotechnologies, comme nous le pensons, doivent s’intégrer dans le prolongement de la sélection variétale, il faut parallèlement répondre aux questions que se posent nos concitoyens sur la sécurité sanitaire de leur alimentation, la brevetabilité du vivant, le monopole de certaines entreprises semencières de dimension internationale et la protection du chercheur...

C’est au Sénat qu’est née, ne l’oublions pas, l’Agence française de sécurité sanitaire des aliments (Afssa). C’est au Sénat, et plus précisément au sein de sa délégation pour l’Union européenne, qu’a été rappelée l’impérieuse nécessité de doter les quinze pays membres de l’Union d’agences alimentaires mises ensuite en réseau sous l’autorité de l’Autorité alimentaire européenne.

C’est au Sénat également que furent jetées les bases de la traçabilité et de l’étiquetage de notre alimentation. Lisibilité des territoires, traçabilité des productions agricoles, certification et qualification des élevages, tout se met en place pour conjuguer sécurité, tradition et modernité. Les biotechnologies devraient y trouver leur place, toute leur place mais rien que leur place ; c’est-à-dire en respectant les différentes formes d’agriculture tout comme les différents types de sélection variétale. Ce respect ne devra pas entraver l’indispensable compétitivité de notre agriculture au sein d’un marché de plus en plus globalisé. Ce respect ne devra pas entraver la formidable capacité d’innovation de nos chercheurs. Innovation pour plus de sécurité, plus de qualité et plus de protection environnementale.

Les recherches d’aujourd’hui sont les emplois de demain, et si aujourd’hui la France ne consacre que 2,1 % de son PIB à la recherche fondamentale, à comparer aux 2,7 % des États-Unis et aux 3 % du Japon, on devine l’effet induit pour les générations futures et l’économie de notre pays, qui deviendrait dépendant. Il est donc plus que jamais urgent de cesser de fragiliser notre pays au travers d’un refus d’aborder clairement les sciences du vivant soit par inquiétude, soit, et ceci est plus regrettable, par désinformation.

Il convient de ne pas oublier que les biotechnologies pourraient être une des solutions, combinées à d’autres, pour répondre au formidable défi alimentaire de demain. En 2050, la population de notre planète devrait avoir augmenté de 50 %, à 9 milliards d’individus. Comme l’a indiqué la FAO, les biotechnologies ne seront pas à court terme la première source de gains de productivité agricole, mais à moyen et long termes, elles seront sans doute indispensables pour répondre à une demande en forte croissance.

S’ajoute enfin la question sous-jacente, en amont de cette réflexion : au profit de qui et pour qui se développent les biotechnologies ?

Comme toute innovation, les biotechnologies sont porteuses de promesses et de risques : comme toujours, la société devra faire le tri. Avec objectivité, il nous faut donc débattre de l’étude des biotechnologies en nous souvenant des propos de Talleyrand qui conseillait déjà à ses collaborateurs de mettre « de l’avenir dans l’esprit, car quand cela devient urgent, il est déjà trop tard » !

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