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Les héritages religieux de l’Europe

Par Hubert Haenel, sénateur du Haut-Rhin
La Croix, jeudi 10 juin 2004

Dans le cas de l’Europe, « héritage culturel » et « héritage religieux » sont consubstantiels, et si l’Europe veut reconstruire une identité par rapport à ses héritages, elle ne pourra le faire en mettant entre parenthèses leur dimension religieuse.

Sept pays viennent de s’adresser à la présidence irlandaise pour demander que le Préambule de la future Constitution de l’Europe fasse explicitement référence à la « tradition chrétienne ». Face à eux, des pays comme la France, la Belgique, et depuis peu l’Espagne, s’opposent à cette demande. Ce sont très probablement les chefs d’État et de gouvernement qui trancheront lors du Conseil européen des 17 et 18 juin. Un compromis satisfaisant pour tous est il possible ? C’est ce que je crois, à condition que le débat se déroule sur son véritable terrain.

Tout d’abord, il nous faut mesurer le terrain parcouru.

Lors de l’élaboration de la charte des droits fondamentaux de l’Union européenne, en 2000, un accord s’était dégagé, dans un premier temps, pour faire figurer dans le préambule de la charte une référence à « l’héritage culturel, humaniste et religieux » de l’Europe. Cette référence fut retirée in extremis à la demande des autorités françaises, qui l’estimaient contraire au principe de laïcité.

Nous n’en sommes, fort heureusement, plus là ; un large consensus est apparu, au sein de la Convention sur l’avenir de l’Europe, pour intégrer cette même référence dans le Préambule du projet de Constitution. Le texte est le suivant :

« S’inspirant des héritages culturels, religieux et humanistes de l’Europe, dont les valeurs, toujours présentes dans son patrimoine ont ancré dans la vie de la société le rôle central de la personne humaine et de ses droits inviolables et inaliénables, ainsi que le respect du droit. »

L’évolution par rapport à la crispation apparue autour de la charte est considérable. Est-il nécessaire d’aller plus loin en mentionnant explicitement la « tradition chrétienne » parmi les « héritages religieux » de l’Europe ? Il n’est pas certain que cette explicitation soit décisive, tant la place centrale du christianisme dans les héritages religieux de l’Europe est évidente pour tous.

Ne serait il pas plus utile, comme l’ont proposé certains pays, de compléter le Préambule par une déclaration précisant sa signification ? Rien n’empêcherait de faire dans ce cadre une référence plus explicite à la tradition chrétienne ; mais, surtout, une telle déclaration pourrait placer la référence aux « héritages culturels, religieux et humanistes » dans son véritable contexte qui est, me semble-t-il, celui du développement de l’identité européenne.

En effet, si le Conseil européen, en décembre 2001, a demandé l’élaboration d’un « texte constitutionnel » pour l’Union, c’est parce qu’il considérait que la construction européenne, dans la perspective du « grand élargissement », avait besoin d’une refondation. Avant la chute du mur de Berlin, le conflit Est/Ouest était là pour cimenter l’Europe occidentale : une forme d’identité politique naissait de l’opposition commune au système soviétique. Dans le contexte de l’après guerre froide, il n’en va pas de même : les Européens doivent chercher en eux mêmes, et non dans l’opposition à un même adversaire, le principe d’une identité commune.

Or, affirmer de cette manière une identité, c’est nécessairement, pour les Européens, à la fois assumer un héritage partagé et se projeter en avant en se situant par rapport à lui. Mais, qu’on le veuille ou non, l’héritage partagé des Européens ne peut être compris sans référence au religieux. Dans le cas de l’Europe, « héritage culturel » et « héritage religieux » sont consubstantiels, et si l’Europe veut reconstruire une identité par rapport à ses héritages, elle ne pourra le faire en mettant entre parenthèses leur dimension religieuse.

Dans cette optique, la référence aux héritages religieux, y compris, le cas échéant, une référence explicite à la tradition chrétienne, doit pouvoir être acceptée par chacun quelles que soient ses croyances. Car il ne s’agit nullement - faut il le dire ? - d’introduire une adéquation entre le christianisme (qui s’adresse à tout homme) et l’Union européenne (caractérisée à la fois par la sécularisation, le pluralisme religieux et la tolérance).

Il s’agit seulement de dire que l’Europe en formation ne construira pas son identité sur la négation de ses héritages. Les peuples européens ont en commun, c’est un fait, des héritages culturels, humanistes et religieux ; c’est notamment dans ces héritages partagés qu’ils puisent la volonté et la capacité de s’unir ; et c’est en s’appuyant sur eux qu’ils pourront affirmer ensemble l’identité européenne et promouvoir des valeurs partagées.

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