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Accueil - Archives - Regards sur l’Europe - Archives de l’année 2005

L’espoir européen passe par la confiance. Il faut que l’Union « reprenne la main » en matière économique pour rétablir une confiance dans l’avenir.

par Monique Papon, Sénatrice de Loire-Atlantique
La Croix, jeudi 3 novembre 2005

Des raisons très diverses, sans doute, expliquent le « non » des Français au référendum du 29 mai. L’une d’elles me semble être le climat de peur qui entoure dans notre pays tout ce qui, dans la construction européenne, est synonyme d’ouverture.

L’élargissement en est un exemple caractéristique. Alors que la France s’était longtemps distinguée par sa croisade contre le partage de Yalta, nous sommes apparus sur la défensive lorsque le Mur de Berlin est enfin tombé. Nous avons semblé retenir de l’élargissement à l’Est davantage les risques qu’il paraissait comporter que la chance historique qu’il constituait. On ne s’étonnera pas, après des années d’ambiguïté, que la déshonorante controverse sur le « plombier polonais » ait eu tant d’écho durant la campagne référendaire. Aujourd’hui encore, nous hésitons à lever les restrictions temporaires - pourtant si contraires à l’esprit européen dont nous nous réclamons - à la libre circulation des travailleurs des nouveaux États membres : la Grande-Bretagne, qui n’a jamais appliqué ces restrictions, ne semble pourtant pas s’en trouver si mal ! Ces inquiétudes ont elles un fondement solide ? Nos exportations vers les nouveaux États membres ont augmenté de 30 % en quatre ans et nos échanges avec ces pays sont excédentaires ; ce n’est donc pas leur concurrence qui explique les difficultés de l’emploi en France. Déjà l’adhésion de l’Espagne et du Portugal avait, en son temps, suscité l’alarme, et cependant l’ensemble de notre économie, agriculture comprise, en a largement bénéficié. L’avantage des prophètes de malheur, c’est qu’on ne leur reproche jamais d’avoir eu tort.

De même, lorsque la construction européenne fait ouvrir plus largement certains secteurs à la concurrence, cette évolution est immédiatement présentée comme une menace pour notre pays. L’expérience devrait conduire à moins de pessimisme : qui voudrait revenir sur la libéralisation des services téléphoniques ou des transports aériens ? Dans ces secteurs, une plus grande concurrence a profité aux consommateurs sans aboutir, bien au contraire, à la disparition des grandes entreprises françaises. Dès lors que l’ouverture des marchés est réciproque, pourquoi penser a priori que les entreprises françaises seront toujours perdantes ?

Seul ce qui inquiète paraît retenir l’attention. Le message qu’envoie confusément aux Français la sphère politico médiatique est que l’avenir de leur pays s’annonce toujours plus sombre. Comment leur demander ensuite de se lancer avec audace dans l’aventure européenne ? Qui sème la peur récolte la méfiance et le repli sur soi : pour que nous puissions nous réconcilier avec l’Europe, il faut d’abord retrouver la confiance en nous mêmes. Encore faut il que nos engagements européens soient expliqués et assumés pour ce qu’ils sont, et que chacun puisse comprendre à quel point ils sont porteurs d’espoir.

Parallèlement, l’Union doit se faire plus compréhensible par les citoyens, plus à l’écoute de leurs préoccupations prioritaires. Ces dernières années, la construction européenne est apparue trop centrée sur des questions institutionnelles, quand les citoyens attendaient d’abord de meilleures perspectives de croissance et d’emploi.

Cependant, l’Europe est née sur le terrain économique. Elle ne peut donner le sentiment d’une moindre efficacité sur ce terrain sans compromettre l’ensemble de son message. L’échec de la « stratégie de Lisbonne » (ou plutôt l’absence de mise en oeuvre de cette stratégie), en même temps que la léthargie de la zone euro qui contraste avec l’expansion des autres grandes zones économiques, ont affaibli la crédibilité de la construction européenne.

Il faut donc que l’Union « reprenne la main » en matière économique pour rétablir une confiance dans l’avenir. Alors, les citoyens seront prêts à envisager le nouveau pas dans l’intégration que la mondialisation rend nécessaire. L’Europe doit apparaître comme le moyen pour nos pays de s’insérer dans la mondialisation, dans le respect de leurs valeurs et de leurs objectifs sociaux et environnementaux.

Alors, l’exigence d’un renforcement de l’Union sera mieux comprise et, d’une manière ou d’une autre, nous en reviendrons au contenu du traité constitutionnel auquel personne n’a véritablement proposé d’alternative.

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