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Accueil - Interventions en séance publique - Journées parlementaires Evian 2005

Discours de Dominique de Villepin, Premier ministre

"Messieurs les présidents d’assemblées, Cher Christian, cher Jean-Louis, Monsieur le ministre d’Etat et président de l’UMP, Cher Nicolas, Messieurs les présidents de groupes, Cher Bernard, et cher Josselin, Mesdames, Messieurs les ministres, Et les parlementaires, Chers amis,

Merci tout d’abord à M. Francina et à tous les parlementaires de Haute-Savoie pour cet accueil exceptionnel qu’ils nous font, ici, sur cette terre bénie.

Merci à Bernard et à Josselin pour la formidable et chaleureuse organisation de ces Journées parlementaires.

Je commencerai par une simple confidence. Tout au long de ces deux mois d’intersession parlementaire, vous m’avez manqués. Solitude du pouvoir, à Paris, bonheur de vous retrouver ici. Bonheur de notre engagement commun, c’est vrai. La politique nous rassemble. L’engagement au service d’un même idéal, au service d’une même idée de la France ; l’engagement au service des Françaises et des Français ; l’engagement au service d’un pays que l’on veut toujours plus grand, plus fort, plus puissant sur la scène européenne et internationale.

Bonheur également de nous trouver tous rassemblés. Les rentrées parlementaires sont comme toutes les rentrées, à quelque âge de la vie. Cela commence dans la cour de récréation par quelques conciliabules, par l’échange de souvenirs, et puis cela se termine en liesse dans la cour de récréation dès que le ballon roule. Car nous le savons, nous sommes rassemblés pour marquer des buts, des buts pour la France.

Et puis, nous l’avons vu tout au long des échanges de cette matinée, c’est rassurant pour ceux qui se posent des questions, c’est rassurant pour ceux qui s’inquiètent. Nous sommes, les uns et les autres, complémentaires. Complémentaires, Gouvernement et mouvement, l’UMP ; complémentaires dans notre ambition commune ; complémentaires dans notre façon de faire de la politique ; complémentaires dans le souci que nous avons de notre et de votre intérêt commun. Tout cela est de bon augure pour cette année qui s’ouvre, cette année qui sera une année de combats, mais aussi, je vous le promets, une année de résultats.

Je veux d’abord commencer par féliciter tous nos amis qui ont remporté, ces derniers jours, de très belles victoires, et je dirais comme Nicolas : "Je ne sais pas à qui il faut attribuer cette victoire ?". A nous tous, à vous tous ? Je sais à qui on aurait reproché la défaite ! Alors bravo à J.-P. Raffarin ! Bravo à F. Fillon ! Bravo à L. Hénart ! Bravo à M.-P. Daubresse ! Bravo à E. Woerth ! Bravo également à P. Bédier qui vient d’être élu président du Conseil général des Yvelines. Bravo à vous tous ! Bravo à notre majorité qui a su montrer son unité et sa détermination derrière le Gouvernement !

Oui, je suis bien placé pour le dire et pour le savoir, vous êtes les meilleurs soutiens du Gouvernement, nos meilleurs soutiens, et nos meilleurs avocats. J’ai besoin de vous - Nicolas l’a dit pour l’UMP, je le dis pour le Gouvernement -, j’ai besoin de vous, de vos recommandations, de vos critiques, de vos propositions. Car vous êtes bien la France diverse, la France rassemblée. Vous êtes l’expression de toutes les inquiétudes et de tous les espoirs des Français. Vous portez leurs voix, et vous exprimez leurs attentes. C’est avec vous que le Gouvernement peut espérer redonner à notre pays la confiance et le sens de son destin collectif.

Il y a plus de trois mois, le président de la République, J. Chirac, m’a confié une mission dont je mesure tous les jours la gravité. Il y a trois mois, vous m’avez accordé une confiance qui m’oblige, qui oblige l’ensemble de l’équipe gouvernementale. Ensemble, tous ensemble, dans l’esprit de rassemblement qui a toujours fait notre force, nous sommes attendus par les Français. Nous avons rendez-vous chaque jour avec eux pour redonner toute sa vitalité à notre démocratie, pour redonner à notre pays la place qui doit être la sienne en Europe et dans le monde.

En moins de dix ans, nous le constatons, les rapports de forces se sont profondément modifiés dans le monde. Les cartes de la puissance ont été rebattues. La France, elle aussi, a changé sous l’impulsion de J. Chirac et de ses gouvernements successifs. Celui d’A. Juppé, celui de J.-P. Raffarin, que je tiens ici à saluer pour son action à la tête du Gouvernement.

La France s’est ouverte à la modernité sociale. Prenez la famille, elle a profondément évolué. L’accroissement du nombre de familles monoparentales, le développement de naissances hors mariages ont changé les modes de relations familiaux. Et pourtant, la famille reste la cellule de base à laquelle les Français sont les plus attachés.

Prenez l’environnement. En quelques années, la France a développé un attachement nouveau pour la préservation de ses paysages et la préservation de l’environnement. Tirant les conséquences de la fin de l’ère du pétrole, elle est en train de prendre une avance décisive dans le domaine des énergies renouvelables.

Prenez les nouvelles technologies de l’information et de la communication. Les ménages français s’ouvrent chaque jour davantage à la téléphonie mobile et à l’informatique. Ils sont les mieux équipés d’Europe, en terme d’accès à l’Internet à haut débit. Dans un mois, la moitié d’entre eux aura accès aux dix-huit chaînes gratuites de la TNT.

Prenez enfin nos valeurs fondamentales, l’égalité des chances, la laïcité. Elles sont justes et profondément modernes. La loi sur l’interdiction des signes religieux à l’école, par exemple, est la meilleure réponse à la montée autour de nous du fondamentalisme et du communautarisme.

La France s’est aussi adaptée à la nouvelle économie mondiale. Au moment où les services prenaient une importance toujours plus grande dans la compétition internationale, elle a développé son offre et constitué des champions nationaux dans tous les domaines : de la banque, des assurances ou du tourisme. Elle est aujourd’hui le deuxième fournisseur de services en Europe. Au moment où la mondialisation s’aiguisait, où la concurrence entre les nations s’avivait, elle a renforcé la qualité de sa main-d’œuvre pour en faire l’une des plus productives du monde. Au moment où l’économie de la connaissance devenait une réalité, elle a décidé de renforcer ses atouts dans plusieurs secteurs stratégiques : les nanotechnologies, l’aéronautique, les télécommunications ou le nucléaire. Il faut donc le dire clairement : les Français ont fait des efforts considérables pour continuer à faire la course en tête parmi les pays les plus avancés du monde. Reconnaissons ces efforts ! Sachons les récompenser et les valoriser ! Moins de stigmatisation, davantage de reconnaissance : voilà ce à quoi les Français aspirent. Les Français portent en eux un dynamisme, une liberté d’esprit, une imagination, qui ne demandent qu’à être encouragés. A nous de trouver la voie de cet encouragement. Car je vois bien que nous devons lutter contre une tentation, dans notre pays : croire que nous avons décroché, penser que tout se vaut, que tout est égal, et finalement, céder au découragement. C’est un chemin dangereux pour la France, qui nous fait courir plusieurs risques.

Le premier risque, c’est que les Français renoncent, au bout du compte, à un destin collectif, pour tout sacrifier à l’individualisme forcené. Notre pays a besoin - c’est toute son histoire qui nous le dit - d’un idéal commun. C’est vrai pour toutes les démocraties contemporaines, c’est encore plus vrai pour la France qui a toujours placé la défense de l’intérêt général au cœur de ses préoccupations. En France, l’avenir se construit au bénéfice de tous et doit renforcer l’unité de la nation. Davantage d’égalité, davantage de solidarité, voilà bien les exigences de notre action.

Le deuxième risque, c’est la banalisation, c’est l’homogénéisation, c’est l’abandon d’une certaine originalité française. Avec notre taux de fécondité parmi les plus élevés d’Europe, grâce à une politique familiale courageuse, avec nos services publics présents sur l’ensemble du territoire, avec notre modèle économique équilibré, qui offre à la fois des services performants, une industrie innovante et une agriculture moderne, avec nos départements et territoires d’Outre-mer qui apportent tant à notre culture et à notre vie commune, nous sommes, oui, originaux. Dans un monde qui tend vers l’uniformité, cette originalité fait notre force, alors préservons-là.

Le troisième risque, c’est que nous laissions de côté un atout majeur de notre pays : l’influence internationale. Car j’ai eu l’occasion de le constater lors de mon déplacement à New York, la France reste attendue, force de conviction, force d’impulsion et d’innovation. Les propositions du Président de la République en faveur du développement ont reçu un très large accueil, de plus de soixante-six États et beaucoup d’autres qui vont suivre. Nous jouons un rôle majeur dans le règlement de la crise nucléaire iranienne. Notre voix continue de porter parmi les peuples du monde, parce qu’elle s’exprime au nom de la diversité culturelle et au nom de la justice, au nom du droit, au nom d’une exigence de paix. Alors restons fidèles à ces exigences.

Pour donner toutes ses chances à notre pays, j’ai fait un choix, nous avons fait un choix : la modernisation de notre modèle français, dans la ligne tracée par le Président de la République. Ce sera ma feuille de route à la tête du Gouvernement, tout au long des dix-neuf mois à venir. Car les transformations du monde nous imposent des règles nouvelles.

La première règle, c’est la compétition, compétition qui n’a jamais été aussi forte. Tous les pays du monde s’efforcent de tirer parti de la mondialisation en engageant des réformes en profondeur. En particulier, nous le voyons en Allemagne, au Royaume-Uni, en Espagne. Face à cette réalité, mon objectif est clair : je souhaite que nous restions en tête. La France a des atouts, je l’ai dit, elle peut tirer parti de la mondialisation, elle le fait déjà en Europe et ailleurs. Battons-nous pied à pied avec de nouveaux outils. Il n’y a pas de fatalité, pas d’impuissance, pas plus pour les emplois de Hewlett Packard que pour l’industrie de la chaussure à Romans. Battons-nous pour les emplois de demain, pour être au premier rang de la concurrence mondiale, en matière d’innovation, grâce à l’Agence pour l’innovation industrielle voulue par le Président de la République.

La deuxième règle, c’est l’urgence, parce le temps nous est compté. Nous n’avons pas un mois, pas une semaine, pas un jour à perdre. Je ne veux pas minimiser, certes pas, l’importance du rendez-vous de 2007. Simplement, le monde n’attend pas. Est-ce que nous pouvons nous permettre de différer les ajustements nécessaires ? Est-ce que nous pouvons laisser passer dix-neuf mois, alors que tous ces mois peuvent être utiles et redonner un élan à tout notre pays ?

La troisième, c’est l’équilibre, pour respecter le rythme de notre société ; tenons compte des fragilités des uns et du travail accompli par les autres, n’oublions pas les efforts qui ont déjà été consentis, année après année, décennies après décennies. Je pense par exemple à la santé, où nous commençons tous à adopter un comportement plus responsable. Trouvons, en permanence, l’équilibre entre la réalité de la société et la réalité du monde, c’est là la clef de notre succès politique.

Pour atteindre cet objectif, nous devons d’abord répondre aux préoccupations concrètes des Français. Prenez l’accumulation d’obstacles et de souffrance que rencontrent certains de nos compatriotes, les handicapés, par exemple, qui jusqu’à présent n’étaient toujours pas reçus à l’école et qui le sont dès cette nouvelle rentrée ; les personnes âgées qui sont désormais prises en charge de manière plus digne dans les maisons de retraite grâce à la Journée de solidarité.

Prenez l’augmentation du prix du pétrole. Pour certains de nos compatriotes, cette augmentation représente une charge financière insupportable, qu’il s’agisse de payer davantage pour sa cuve de fuel ou pour l’essence du trajet entre le domicile et le travail : le forfait de 75 euros, le ticket transport pour améliorer le remboursement des déplacements professionnels, permettront d’alléger cette contrainte.

Prenez encore le coût du logement : il est devenu insupportable dans beaucoup de grandes villes françaises en particulier à Paris et en Ile-de-France ; réquisitionner les terrains nécessaires, construire davantage de nouveaux logements, logements sociaux et intermédiaires, étendre le prêt à taux zéro aux classes moyennes : tous les moyens nécessaires seront engagés pour résoudre la crise du logement en France.

Au-delà de ces difficultés immédiates, nous devons maintenir avec confiance notre priorité à l’emploi. Tant que trop de Français seront encore au chômage, tant que trop de jeunes ne trouveront pas d’emploi, rien ne sera possible. L’emploi est la clef ; j’en ai donc fait la priorité absolue de ce Gouvernement. Tous vos conseils, toutes vos remarques, toutes vos propositions seront toujours les bienvenues, car la bataille pour l’emploi est une bataille de la volonté et de l’imagination. Il nous faut faire bouger les lignes. Elle demande que toutes les forces des élus, du service public pour l’emploi, des entreprises, des partenaires sociaux, soient mobilisées sans relâche. Elle réclame des mesures fortes, des mesures de rupture comme le plan d’urgence pour l’emploi. Avec le « chèque emploi très petite entreprise", avec le contrat "nouvelles embauches", avec le suivi effectif de la reprise d’emploi, nous changerons la donne. Elle exige enfin que la reprise d’activité soit encouragée, accompagnée et rendue plus intéressante financièrement que les revenus d’assistance. L’augmentation de 50 % de la PPE, les primes de 1 000 euros pour les chômeurs de longue durée ou dans les secteurs qui manquent de main d’œuvre, l’aide à la mobilité ou encore l’accompagnement personnalisé des bénéficiaires des minima sociaux, sont autant de réponses précises, pragmatiques, qui nous permettront de lever les obstacles, un à un.

Il n’existe pas de remède miracle contre le chômage, mais des décisions ciblées, courageuses, innovantes qui produisent leurs effets au cas par cas. Nous voyons les premiers résultats, que nous devons consolider jour après jour : moins de 10 % de chômeurs à la rentrée, 60.000 emplois créés en deux mois.

Cette priorité suppose une vaste mobilisation pour la croissance, pas n’importe quelle croissance, mais une croissance qui profite à tous et dont les bénéfices soient le plus largement et le plus équitablement répartis dans la population française ; je veux dire une croissance sociale. Car nous ne créerons pas les conditions d’un retour de la croissance, si elle reste dans l’esprit des Français un chiffre abstrait.

Premier moteur de cette croissance, la relance de l’investissement public à hauteur de 10 milliards d’euros. Cela veut dire des routes, cela veut dire des liaisons ferroviaires, des hôpitaux, autant d’infrastructures qui valoriseront notre territoire et nous permettront de respecter les engagements à l’égard des collectivités locales.

Le second moteur, c’est le soutien au pouvoir d’achat. Il passe par des mesures d’effet immédiat, comme le bonus exceptionnel de 1 000 euros de fin d’année ou la relance de la participation et de l’actionnariat salarié. Ils sont un moyen efficace de redistribuer le fruit de leur travail aux Français tout en protégeant nos entreprises. Mais le soutien au pouvoir d’achat suppose aussi de prendre des mesures structurelles ; la réforme de l’impôt sur le revenu en est le meilleur exemple. J’ai voulu qu’elle réponde à un principe : la justice sociale. Les principaux bénéficiaires de cette réforme seront donc les revenus compris entre 1.000 et 3 500 euros par mois, avec la PPE, 80 % de la baisse des impôts viendront aider les ménages moyens et modestes. J’ai voulu qu’elle réponde à une exigence : ne faire aucun perdant. J’ai voulu, enfin, qu’elle soit le modèle d’un fonctionnement nouveau de l’État, moins coûteux, plus simple, plus lisible, plus accessible à tous et donc plus démocratique.

* * *

Maintenant, je voudrais vous dire dans quel état j’aborde cette nouvelle session parlementaire : un esprit de rassemblement, un esprit combatif et volontaire pour que le temps que nous avons devant nous soit un temps d’action au service des Français, au service de la France. Pour préparer l’avenir, nous avons besoin d’un territoire attractif et d’un État moderne. Notre territoire est exceptionnel. Aussi, valorisons-le davantage ! La création des pôles de compétitivité a montré qu’il y avait dans notre pays un réservoir inépuisable de compétences, qui ne demandaient qu’à être regroupées pour mieux fonctionner : laboratoires de recherche, PME, grandes industries travailleront avec plus d’efficacité dans ce cadre, avec le projet de loi sur la recherche, nous pouvons relever le défi des sciences fondamentales et de la connaissance dont dépend aujourd’hui le rang d’un pays sur la scène mondiale.

Le projet de loi d’orientation agricole donnera les moyens de se développer à une profession qui porte une part de l’identité de notre pays, à un secteur qui crée des emplois en France et qui inspire admiration et respect à l’étranger. Les agriculteurs ont besoin d’une vision claire de leur avenir après la réforme de la PAC et avant les négociations de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), à Hong-Kong, en décembre prochain.

Enfin, notre territoire restera d’autant plus attractif qu’il aura été protégé contre les attaques environnementales. J’ai déjà pris mes premières décisions en ce sens, notamment en valorisant les énergies renouvelables. Mais la protection de l’environnement exige davantage. Personne ne peut se résigner à voir la santé publique souffrir de la pollution de l’air ou nos paysages se dégrader. Parce que nous aimons la France, parce que nous avons désormais conscience de la fragilité de la planète, nous portons tous en nous cette exigence environnementale. Sachons la faire respecter en appliquant la Charte constitutionnelle de l’environnement.

Aussi, notre État reste au cœur du bon fonctionnement du pays. Donnons-lui les moyens de travailler avec efficacité au service de tous nos concitoyens, d’abord, en définissant plus clairement ses missions prioritaires et le périmètre des services publics. Je veux que nous sachions quelles compétences l’État devra maîtriser en 2010, en 2020, quelles compétences privilégier ou déléguer. Je veux que nous identifiions les services publics qui sont nécessaires à chacun et qui devront être présents sur l’ensemble du territoire. Faute de ce travail prospectif, nous nous privons d’un outil à la fois adapté et performant.

Ensuite, il faut avancer en servant mieux l’usager. L’administration est au service du citoyen. Elle doit donc être facilement accessible et toujours en quête d’amélioration. Dans ce domaine, nous avons déjà fait des progrès importants. Notre administration électronique, par exemple, est la plus performante d’Europe. Elle est un modèle pour beaucoup de pays voisins, notamment le Royaume-Uni. Poursuivons dans cette voie. Enfin nous devons valoriser la mission des fonctionnaires. Et pour cela, je veux travailler dans trois directions : redonner un sens à leur mission car aucune réforme de l’État de grande ampleur ne se fera contre les fonctionnaires. Elle se fera avec eux, en comprenant leurs attentes. Il faut favoriser l’égalité des chances et la promotion sociale. Cela passe par l’évaluation de chacun que beaucoup de fonctionnaires aujourd’hui demandent. Enfin, il faut revaloriser les carrières, avec des fonctionnaires plus mobiles, présents là où nous avons le plus besoin d’eux. C’est dans ce sens que nous devons travailler.

Ma méthode est simple : le dialogue et le résultat. J’ai la conviction que la vérité en politique se construit par le dialogue avec tous les élus, avec les chefs d’entreprise, avec les partenaires sociaux, avec les associations. Dialogue surtout avec tous les Français qui, chaque jour, m’apportent et nous apportent leur opinion, leurs critiques, leurs propositions. Pour avancer, j’ai besoin de travailler étroitement avec vous, parlementaires de la majorité, j’ai besoin de vos avis sur tous les sujets qui engagent l’avenir de notre pays.

Bien sûr dialogue mais aussi résultats. Parce que la crédibilité de la politique en dépend, parce que la vigueur de l’adhésion démocratique en dépend. La politique, vous le savez mieux que personne, c’est l’art de convaincre, mais c’est aussi l’art de conduire le changement. Un changement que les Français doivent apprécier dans leur vie de tous les jours, afin de pouvoir se prononcer ensuite de manière démocratique, sur l’action de leurs gouvernants.

Enfin, j’ai une exigence qui guide toute l’action de mon gouvernement : la réconciliation. Réconciliation pour la République, car tout le mal de la France vient de ses doutes, de ses divisions, toute sa force vient de son projet collectif. Alors, oublions les jalousies, les rivalités, les querelles qui minent notre capacité à vivre ensemble. Luttons sans relâche contre les discriminations et les préjugés qui minent notre pacte républicain. Redonnons à tous les Français la fierté d’être Français, et pour cela, commençons par faire une place à chacun dans notre société : les plus pauvres, les plus démunis, tous ceux qui souffrent ou qui ne partent pas dans la vie avec les mêmes chances. Tous ont droit à une attention particulière de notre part, pas une attention de circonstance, mais une attention concrète, appuyée sur des dispositifs adaptés, avec un logement décent, avoir un compte bancaire, des moyens de paiement sûrs, disposer d’une réelle couverture maladie. Autant de chantiers que nous devons inlassablement poursuivre.

Réconciliation avec l’Europe aussi, car notre fierté dépend aussi de notre capacité à réaliser de grands projets européens. Nous sommes fiers d’avoir obtenu ITER à Cadarache. Nous sommes fiers lorsque Ariane lance le plus gros satellite de télécommunication du monde. Nous sommes fiers lorsque le nouvel Airbus A380 décolle du Bourget. N’abandonnons pas notre ambition européenne. Restons en tête de cette immense aventure politique.

J’ai défendu l’idée d’une Europe des projets, en matière de sécurité, de lutte contre le terrorisme, de coordination des politiques économiques ou encore de défense. Cette Europe doit apporter la preuve à nos concitoyens qu’elle est bien celle capable de leur apporter un plus et un mieux. J’ai également mis sur pied un comité interministériel sur l’Europe, qui doit suivre à un niveau politique les grandes décisions européennes qui ont une incidence directe sur la vie des Français. Je veux aussi associer plus étroitement le Parlement à la préparation des textes communautaires, car votre avis est déterminant pour la légitimité des décisions européennes. Réconciliation enfin, pour nous Français, avec l’esprit du monde. La République, notre République est née de l’universel. Elle se nourrit de l’universel. Le message français a besoin d’espace pour vivre. Partout il doit être entendu. Face aux menaces de la prolifération ou du terrorisme, nous devons apporter des réponses concrètes. Face aux grands défis du développement, de la santé et de la défense de l’environnement, nous devons apporter des solutions, à la mesure, à la hauteur des enjeux, et sans cesse, notre message doit s’incarner dans la création contemporaine, au cinéma, dans la musique, dans les arts plastiques.

Mes chers amis, dans les dix neuf mois qui viennent, le Gouvernement sera entièrement à la tâche, tous les jours, car les élections de 2007 se feront, nous le savons tous, d’expérience, sur un projet. Mais elles s’appuieront aussi, nécessairement, sur un bilan. Ces élections, nous devons les gagner pour nous-mêmes, pour notre famille politique, pour nos valeurs, pour nos idées. Mais nous devons aussi les gagner pour notre démocratie. Pour éviter le jeu des alternances mécaniques qui traduisent un désarroi, nous empêchent de conduire jusqu’au bout nos projets, et risquent surtout de faire chaque fois davantage le lit des extrêmes, de la déception ou de la surenchère.

En retour, je veux ici vous faire solennellement une promesse, comme chef du Gouvernement et comme chef de la majorité : je serai le garant de l’intérêt général. Je serai aussi le garant de l’unité de la majorité. Certes, je ne l’oublie pas, nous avons des échéances en 2007. Certes, nous devrons tous être mobilisés pour ce grand rendez-vous, mais n’oublions pas que la démocratie ne se joue pas uniquement le jour d’une élection. La démocratie s’enrichit en permanence de la volonté, de l’action, de la proposition du dialogue. Je lance donc devant vous un appel au rassemblement. Les Français nous le demandent à un moment où notre pays a besoin de toutes les énergies, à un moment où le Gouvernement est décidé à agir au service de la France. Nous devons travailler main dans la main, en regardant devant, là où le destin de la France nous appelle. C’est la clé de notre victoire. Tout repose sur vous. Je compte sur vous et je sais que je peux compter sur vous. Je vous remercie."

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