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Journées Défense consacrées au Livre Blanc et à la planification de Défense

Toulouse - 10 et 11 septembre 2007

Conclusion du Président André Dulait

Un Livre Blanc est un travail collectif qui présente des certitudes géopolitiques, stratégiques, financières et technologiques, mais en même temps il se doit de proposer aux dirigeants politiques des moyens nécessaires à l’appareil de défense de notre pays pour faire face à ce qui est incertain.

Pour ces raisons il me semble que les discussions préparatoires à la rédaction de ce Livre Blanc devraient s’inspirer d’un modèle qui fut celui préconisé par le Secrétariat général de la défense nationale (SGDN) en 1970 à la demande du Président Georges Pompidou qui souhaitait précisément connaître l’état des menaces probables concernant notre pays à horizon d’une vingtaine d’années.

Ce modèle consistait dans une identification des menaces, des objectifs et des moyens, différenciée en trois paliers de réflexion : les facteurs invariants, les facteurs appelés à se déployer dans la longue durée et enfin les sauts qualitatifs liés à l’évolution imprévisible des missions de la défense nationale française.

Parmi les invariants, il me semble qu’il faut mettre en premier lieu la défense de notre souveraineté dans sa dimension territoriale, qui inclue la métropole et l’outre-mer. J’y ajouterai aussi la défense et la protection des citoyens français y compris ceux de notre importante communauté des Français de l’étranger. Sur un autre plan, on pourrait mettre la sécurisation des approvisionnements énergétiques et des approvisionnements en matières premières ce qui implique, notamment, une réévaluation de notre potentiel naval par rapport à ce que les spécialistes appellent la « maritimisation » de l’économie mondiale. Enfin, après la terre et l’eau, le ciel et l’espace me semblent ressortir à cette catégorie de réalités invariantes, qui dans mon esprit sont à placer en amont de toute réflexion concernant les évolutions budgétaires et les transformations de l’organisation de la défense française, laquelle a une dimension qui dépasse les simples questions militaires.

Dans les évolutions à long terme, il convient de tenir compte de nos engagements diplomatiques qui reposent sur des traités internationaux et qui sont appelés à durer, je veux dire les contraintes qui sont liées à notre appartenance à l’ONU, à l’OTAN, à l’Union européenne ainsi que nos obligations liées aux accords de défense avec des pays de l’Afrique ou du Moyen-Orient. Membre fondateur de l’ONU, la France est entrée dans un cadre global dont personne n’envisage de sortir, un cadre qui depuis sa création implique des conséquences pour l’appareil militaire français ainsi que sur notre gestion diplomatique des relations internationales. Il en va de même pour l’OTAN, car en y adhérant, la France est entrée pour la première fois de son histoire dans une alliance défensive multilatérale. Depuis, l’évolution des formes d’intégration de la France n’a jamais empêché notre pays de demeurer inséré dans un dispositif intercontinental. Cette insertion a façonné autant les missions que le formatage de nos forces armées et quels que soient l’avenir de l’OTAN et l’avenir de la présence française en son sein, l’OTAN semble demeurer pour des décennies encore un des horizons de toute analyse des moyens de planification de la défense française. De façon similaire, l’édification d’une Europe de la défense semble être appelée à se déployer sur la longue durée. Cette longue durée des engagements de la France pour une Europe de la défense a et aura des conséquences « rétroactives » sur la gestion, la constitution et l’emploi des moyens de notre appareil de défense.

Enfin, concernant le palier d’analyse que forme ce qu’on a appelé les sauts qualificatifs, il convient de ranger évidemment ce qui ne peut être programmé sérieusement mais qui cependant peut faire l’objet de spéculations et de réflexions utiles. Dans cette catégorie par définition illimitée, on peut ranger les déstabilisations régionales, les guerres invisibles et les catastrophes, bref tout ce qui nécessite d’être contré sans pour autant en connaître la nature.

Pour un homme de ma génération et depuis que je suis dans la vie politique, j’ai assisté à nombre de ces faits imprévisibles : l’implosion de l’espace soviétique, le déploiement d’un terrorisme islamiste, la réunification de l’Allemagne, la prolifération de nouveaux états comme les 18 Etats nés de la fin du système communiste. Il s’agit là d’évènements, notamment en ce qui concerne la désintégration de la Yougoslavie, qui ont nécessité l’intervention de forces françaises sous différents statuts mais qui ont été directement à l’origine de recompositions et de restructurations des moyens militaires de la France. Enfin dans les sauts qualitatifs je crois qu’il convient de ranger les évolutions, là-aussi, imprévisibles des technologies et des connaissances scientifiques. En effet ces évolutions peuvent amener nos armées à modifier leurs moyens terrestres, aériens, voire navals, soit parce que ces innovations rendent caducs certains matériels, soit parce qu’elles permettraient à nos forces d’accéder à un renforcement important.

En vous proposant cette méthode que je veux bien sûr très empirique de tripartition des analyses et des moyens, des menaces et des moyens d’y faire face, je voudrais rappeler que tout Livre Blanc n’est crédible que s’il fait preuve d’un certain empirisme, et qu’il se situe dans une vision souple d’une réalité internationale extrêmement évolutive et instable.

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