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Comment relancer l’Europe. Concevoir une Europe de projets concrets

Par Jean-Pierre Raffarin, sénateur de la Vienne
La Croix, lundi 29 mai 2006

Il y a un an, le résultat du référendum français sur le traité constitutionnel européen m’a meurtri plus que surpris. En 1992, chacun se rappelle qu’à propos de la monnaie unique, projet européen très concret, la France avait été coupée en deux, alors que les principaux partis s’étaient totalement engagés pour le « oui ». En 2005, avec un Parti socialiste votant en grande partie pour le « non », le référendum, peu concret, sur les institutions devenait donc encore plus incertain.

Ce « non » français a eu un très large écho en Europe, non seulement en raison du poids politique de la France, mais aussi à cause des résistances des opinions publiques dans chaque pays. Jean-Claude Juncker, premier ministre du Luxembourg, me confiait récemment sa surprise de constater qu’à l’occasion de leur référendum, une majorité de jeunes Luxembourgeois avaient voté « non ». Ces jeunes, tous trilingues dès leur plus jeune âge, vivent pourtant quotidiennement la réalité européenne. L’Europe a donc beaucoup déçu. Malgré tout cela, je reste profondément européen et je milite donc pour un renouveau du projet européen.

Au XXIe siècle, la paix ne sera pas assurée par la domination mais par l’équilibre. L’émergence de la Chine sera pacifique si l’Europe, plus indépendante vis-à-vis d’elle que les États-Unis, accompagne cette puissance nouvelle dans une relation équilibrée, ferme et amicale. Le dialogue avec l’islam sera laïque et responsable si l’Europe est suffisamment forte pour que le monde échappe au manichéisme. L’Europe sert l’équilibre du monde.

Sur le plan intérieur, l’Europe reste nécessaire. Le vote « non » portait aussi un double refus qu’il ne faut pas sous-estimer : le refus de l’Europe étatique, maniaque de la redistribution, et le refus de cette politique de l’offre qui consiste à écraser le travail au nom de la compétitivité. L’Europe, en rétablissant l’idée de souveraineté économique, peut être l’espace continental qui offre le meilleur « mix » protection-liberté. En se redonnant les moyens de négocier avec les autres espaces continentaux, l’Europe peut apporter les protections nécessaires aux mutations et les libertés utiles aux compétitions. Le retour de la politique passera par l’Europe.

Pour sortir de l’immobilisme actuel, il faut tirer les leçons de ce que nous avons vécu. Les citoyens préfèrent à l’évidence les projets concrets aux architectures institutionnelles. Ces dernières sont indispensables mais elles ne peuvent fonder la relance. Entrons donc dans la logique de projets. Quels sont les grands projets prioritaires pour l’Union ? L’énergie, l’aménagement du territoire, les transports, l’immigration, l’excellence pour l’université et la recherche, l’agro-industrie, la santé, le développement durable... La Commission devrait dresser, dans ces différents domaines, la liste de projets concrets, opérationnels dans les cinq ans. La citoyenneté sociale, avec notamment la définition d’un « socle européen des droits sociaux » (retraites, salaires minimums...), devrait être au premier rang.

Ce programme quinquennal, discours de politique générale de l’Union, pourrait être soumis par le Conseil à la discussion du Parlement européen et des parlements nationaux. L’idée n’est pas d’éloigner le débat du citoyen mais, puisque l’Europe sera toujours un sujet complexe, de placer les représentations nationales devant la responsabilité de relancer le débat. Ce sera là l’occasion de décanter les priorités et d’identifier les leviers d’avenir. Mais soyons modestes : le renouveau européen n’est pas dans la tactique des moratoires, ni dans une nouvelle offre utopique, mais dans la recherche pragmatique de convictions communes face aux exigences et aux évidences du nouveau siècle.

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