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« La grandeur de la France tient à l’ambition de demeurer une voix qui compte pour défendre la paix. »

Par Jean-Pierre Raffarin, sénateur de la Vienne
Le Figaro Magazine, vendredi 10 novembre 2006

En cette veille du 11 Novembre où le président de la République, le Premier ministre et la ministre de la Défense rendront solennellement hommage aux victimes de la Grande Guerre, je pense particulièrement au terrible sacrifice de Verdun. Fin mai 1916, alors que les pertes françaises dépassaient 200 000 hommes, Joffre pressait Haig, le généralissime anglais, de déclencher son offensive sur la Somme. Au soir de l’assaut britannique, le 1er juillet, 60 000 hommes étaient tombés : la France contractait là une dette éternelle. Je veux aussi me souvenir des autres combattants : troupes coloniales et du Commonwealth, ainsi que des soldats allemands. Cette mémoire partagée demeure le ciment du projet européen.

Se souvenir, c’est être fidèle à la « France de toujours » : ayons conscience des pages heureuses comme malheureuses, en nous gardant des excès de la repentance. N’attisons pas la guerre des mémoires : ce n’est pas au Parlement d’écrire notre Histoire, et encore moins celle des autres nations. Notre héritage, nos valeurs, notre confiance en notre pays devraient ainsi se retrouver dans un « Code républicain » que chaque citoyen signerait lors du retrait de sa première carte d’électeur, à sa majorité, ou lors de l’acquisition de la nationalité. Nous devons aimer la France.

Alors que se profile l’élection présidentielle, le projet de notre candidat s’ancrera dans cette fidélité et cette identité. La grandeur de notre pays ne tient pas seulement au passé, mais à notre ambition d’être utiles au monde, de demeurer une voix qui compte pour défendre la paix, comme l’a fait Jacques Chirac au long de ses deux mandats. Pour garantir la paix, il faut bien sûr une défense crédible. Nous l’avons obtenue grâce à l’application complète de la loi de programmation militaire mise en oeuvre depuis 2002. Une première dans notre histoire budgétaire. Pour l’avenir, nous serons fermes sur cette exigence. Avec près d’une centaine de parlementaires et une quinzaine de membres du gouvernement, nous avons présenté la contribution des clubs Dialogue & Initiative au projet de l’UMP à travers vingt-cinq propositions *. De celles-ci se dégagent certaines priorités. J’évoquerai la première d’entre elles : le message universel de la France, qui passe par le dialogue entre les peuples et les cultures. La répression seule ne saurait assurer l’équilibre du monde. Ce n’est qu’à l’issue d’un dialogue qu’une sanction est possible - c’est une règle de la dissuasion. En la matière, il nous faut plus de continuité que de rupture.

Une défense militaire crédible, indépendante, et en coopération renforcée au sein de l’Alliance atlantique, c’est, concrètement, le maintien d’un effort financier durablement supérieur à 2 % de la richesse nationale. Les Etats-Unis savent combien la France a été loyale dans la lutte contre le terrorisme après le 11 septembre 2001, à travers, notamment, la collaboration policière et son engagement en Afghanistan. Mais c’est aussi parce que nous avons été fidèles à nos valeurs que nous avons refusé de nous engager dans l’aventure irakienne. Incomprise par beaucoup sur le moment, cette position apparaît aujourd’hui clairvoyante, même si les difficultés rencontrées par nos alliés sont pour nous source de tristesse et de préoccupation. Nous avons ici la preuve des impasses d’un monde qui ne serait qu’unipolaire. La paix, c’est l’honneur de la France.

Notre message, je le retrouve aussi dans notre relation avec la Chine. Pourquoi effrayer les Français avec la croissance chinoise ? On ne l’arrêtera pas. Restons plutôt fidèles à la lucidité du général de Gaulle, qui reconnut la Chine populaire dès 1964. Les Chinois veulent une « émergence pacifique » ? Accompagnons-la ! Lorsque nos enfants auront notre âge, la Chine sera probablement devenue la première puissance du monde. Nous avons un devoir d’anticipation économique, culturelle, mais aussi politique. La première puissance du monde devra partager la conscience universelle des droits de l’homme.

Ce dialogue, nous devons le préserver et l’approfondir avec le monde arabo-musulman. Premier partenaire commercial de la plupart de ces pays, nous accueillons sur notre territoire nombre de leurs ressortissants. Il dépend de nous, dans un cadre européen, d’être leur principal partenaire politique. Il nous faut pour cela développer une vision commune et, vraisemblablement, une structure renforcée et permanente de coopération à l’échelle de la Méditerranée : « notre mer commune ».

Face à ces défis, le candidat qui représentera notre famille politique devra se définir. Face à l’Histoire, la présidence est une solitude, nos institutions donnant cette mission au chef de l’Etat comme « garant de l’indépendance nationale, de l’intégrité du territoire et du respect des traités ». Il conviendra cependant de mieux associer la représentation nationale à certaines décisions. Voilà pourquoi je propose que le gouvernement doive obtenir l’aval du Parlement pour l’engagement de forces armées sur un terrain extérieur au-delà de soixante jours. Par ailleurs, en matière de méthode, nous devons réfléchir à un équilibre nouveau entre les actions accomplies dans le cadre multilatéral des organisations mondiales et ce qui doit être poursuivi dans le cadre bilatéral entre l’Europe et les autres continents. Le multilatéral fixe la règle mondiale, le bilatéral dose les rapports de forces, les deux sont nécessaires. Dans cette perspective, nous devons renforcer la souveraineté économique de l’Europe.

Pour l’avenir de la France et la sécurité de l’Europe, nous ne pouvons nous passer d’une politique étrangère et de défense ambitieuse. La constance au service de la paix est notre exigence.

* Ces propositions sont présentées sur mon blog : www.carnetjpr.com

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