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Compétitivité : "le tour des pôles"

Par Jean-Pierre Raffarin, sénateur de la Vienne
Les Echos, mercredi 8 novembre 2006

Je reviens à nouveau de Chine. J’ai visité plusieurs villes de l’intérieur qui sont toutes à plus de 10 % de croissance ! J’ai bien entendu aussi les récents propos de M. Mandelson, le commissaire européen chargé du Commerce : « Avec la Chine, il s’agit de biens meilleur marché dans les magasins européens, de produits meilleur marché pour les entreprises, de taux d’intérêt plus faible... » Je partage le jugement global de la Commission européenne selon lequel « l’Europe a un intérêt économique au développement de la Chine ». Cependant, ce jugement global ne me dispense pas d’être inquiet pour l’avenir de l’emploi industriel sur notre continent.

Notre problème est alors de préparer nos territoires au choc de la mondialisation, au développement de la compétitivité et d’améliorer leur attractivité. Lorsque j’ai installé, le 1er octobre 2002, le comité stratégique de la Datar, je souhaitais une politique industrielle nouvelle pour la France. Les réflexions de la Datar, à l’origine de la politique des pôles de compétitivité, reposaient sur quelques idées simples : s’appuyer sur les fleurons de l’industrie française, jouer la carte de l’innovation en décloisonnant le monde de l’entreprise, de la recherche et de la formation, libérer l’initiative privée et publique et en appeler au talent des territoires. Ainsi, le Comité interministériel du 14 septembre 2004 allait remettre la France dans la course de la modernité et donc de la compétitivité.

Est-il besoin d’aller plus avant dans une démonstration mille fois refaite et déjà entreprise par de nombreux pays ? A l’évidence, la meilleure réponse a été apportée par l’engouement qu’a suscité cette démarche qui plaçait l’Etat non dans son rôle traditionnel de donneur de leçons mais comme partenaire d’un développement porté par les acteurs effectifs du développement économique et social. Au-delà du succès immédiat que cette initiative a rencontré et des financements apportés par l’Etat, les agences et les collectivités territoriales, il est sans doute trop tôt pour avancer la moindre évaluation, si ce n’est - et c’est déjà un résultat très positif - les innovations en gestation qu’aura permis de susciter les projets de développement conçus ensemble par les centres de recherche, les PMI et les grands groupes. Si ce n’est, aussi, le développement progressif mais qu’il faut hâter, d’un écosystème d’entreprises de taille moyenne de haute technologie. A l’évidence, ici, le secteur bancaire a un rôle majeur à jouer.

Cette politique accompagnée par les collectivités publiques reste cependant fragile car son succès - c’est-à-dire ses effets positifs sur la compétitivité réelle des entreprises de France et, par là, la création de valeur et d’emplois - est étroitement lié à l’implication des entreprises, des chercheurs et du monde académique. Il faut donc veiller à ce que l’aspiration des uns soit confortée par l’inspiration des autres !

En un mot, il convient d’éviter que cette politique soit seulement animée par des dispositifs et autres procédures technocratiques ou qu’elle soit brouillée par une agitation médiatique chronophage et économiquement stérile.
La meilleure façon, à terme, de vérifier la réalité du processus mis en route serait de le « débrancher » des financements publics et de constater qu’il se poursuit ! Veillons, également, à maintenir l’esprit d’une démarche interministérielle qui, seule, peut garantir contre le retour d’un Etat omniscient et d’une logique « top-down ». La politique des pôles de compétitivité, conçue comme une politique industrielle devant valoriser l’initiative des territoires, ne constitue pas la seule réponse au développement économique du pays. Il faut donc s’attacher à ne pas charger les pôles de résoudre à eux seuls tous les problèmes auxquels l’économie et la société françaises sont confrontées. De ce seul point de vue, il paraît contreproductif de multiplier le nombre de pôles, surtout s’ils viennent concurrencer des pôles existants : outre l’éparpillement des financements, leur lisibilité en serait amoindrie et leur masse critique moins attractive. Un pôle n’est pas un cadeau aux élus mais un projet pour le pays.

Cela suppose que l’Etat, après avoir défini une politique, s’attache à arrêter une stratégie stable qui permette d’éclairer les choix des entreprises, des centres de recherche et de formation. C’est dans ce sens qu’une extension réfléchie du portefeuille des pôles peut être envisagée en y intégrant des secteurs non encore couverts comme par exemple l’industrie financière.

C’est également dans ce sens que les politiques publiques doivent converger pour améliorer l’efficacité de la dépense. Je pense ici à une meilleure articulation des agences - ANR, AII, Oséo - qui, au-delà de leur feuille de route spécifique et parfois trop institutionnelle, doivent également participer au développement des pôles de compétitivité. La mise en place des Réseaux thématiques de recherche avancée (RTRA), s’ils sont articulés avec les pôles, pourraient constituer à mes yeux un exemple à suivre. Nous débattrons de tous ces progrès au cours d’un colloque que j’organise au Sénat aujourd’hui avec la Fondation Prospective et Innovation.

Enfin, il n’est pas interdit d’utiliser à bon escient ce qu’autorise la loi : l’expérimentation. Tous les pôles ne peuvent pas tout de suite développer des actions tous azimuts dans le champ de l’intelligence économique, celui du développement international ou encore des ressources humaines ou de la formation. Là encore, un Etat stratège doit impulser, soutenir et faire en sorte que l’expérience des uns puisse profiter aux autres. Et pourquoi l’Etat ne s’appliquerait-il pas à lui-même la logique des pôles de compétitivité : décloisonnement, cohérence, travail en réseaux ? Dès maintenant une urgence s’impose : lancer nos pôles sur le terrain international. Je vois encore trop de Salons mondiaux où la France préfère présenter ses structures plutôt que ses projets. La présentation à l’étranger de nos pôles de compétitivité favoriserait la promotion de nos projets tout en valorisant nos entreprises, nos universités et nos territoires. A quand l’organisation en Chine de notre « tour des pôles » ?La politique des pôles a fait entrer la France dans la modernité du développement économique. Elle est fragile. Ne la gâchons pas, aucune alternative n’apparaît.

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